Culture

L’aventure photographique de la Maison Bonfils, des Cévennes au Moyen-Orient

CultureExpositionMusée du Colombier


Implantée à Alès, la famille Bonfils a dirigé l’un des studios photo les plus prolifiques du Moyen-Orient de 1867 à 1939. Une expédition photographique à découvrir au musée du Colombier, à Alès, jusqu’au 30 mai 2021.

La Maison Bonfils, c’est un studio photo, mais c’est aussi une saga familiale. Celle de Félix, le père, de Lydie, la mère, et d’Adrien, le fils. Installée à Saint-Hippolyte-du-Fort et à Alès, la Maison Bonfils s’établit à Beyrouth en 1867 et réalisera à partir de là-bas l’une des plus importantes productions consacrées au Moyen-Orient de la seconde moitié du XIXe siècle. « À l’heure où la carte postale n’existe pas encore, leur idée est de vendre des images souvenir aux touristes occidentaux, qui commencent à arriver après l’inauguration du canal de Suez en 1869, ou aux curieux restés en Europe », explique Lætitia Cousin, adjointe au conservateur des musées d’Alès Agglomération et co-commissaire de l’exposition présentée au musée du Colombier jusqu’au 30 mai 2021.

Des clichés touristiques aujourd’hui historiques

L’ensemble des 120 photographies, négatifs, albums et vues stéréoscopiques rassemblés dans l’exposition grâce au concours du photographe alésien Jean-François Gallier (malheureusement décédé en 2019) et de la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine (MAP, Paris), permet de saisir la diversité et la richesse de l’activité de la Maison Bonfils.

En effet, pour capter et commercialiser des vues de tout l’Orient, la famille Bonfils écume le Liban, l’Égypte, la Syrie, la Palestine, la Grèce ou la Turquie. Félix, Lydie et Adrien Bonfils réalisent alors, sans le savoir, des témoignages aujourd’hui historiques et ethniques de ces contrées encore peu explorées : vues générales et pittoresques, monuments et détails architecturaux, scènes de rue, portraits en extérieur et en studio ; pyramides de Gizeh, Parthénon d’Athènes, ruelles de Damas, lieux saints, trésors archéologiques de Palmyre aujourd’hui détruits, … « Il y a dans ces clichés au cadrage parfaitement travaillé, une recherche de monumentalité, de spectaculaire et de profondeur », admire Mathilde Falguière-Léonard, responsable du département Photographie de la MAP, qui y voit, à la lueur de notre époque, « un témoignage humaniste ».

Des expéditions photographiques

Ascension de la grande pyramide par un touriste (1875). Le photographe alésien Félix Bonfils a été le témoin de la naissance du tourisme au Proche-Orient.

Fruit de voyages longs, périlleux et coûteux, cette exposition retrace une véritable aventure photographique et humaine entre Cévennes et Moyen-Orient, dans laquelle les Bonfils étaient accompagnés de porteurs et d’assistants.
Loin de la facilité offerte par le numérique, à la fin du XIXe siècle, la photographie se pratique encore à la chambre noire, avec des plaques en verre permettant de fixer les images sur des négatifs au collodion humide qui nécessitaient d’être préparés et développés rapidement sur place, à même le sable du désert… Félix Bonfils relate ces opérations difficiles dans une lettre adressée à la Société Française de Photographie : « Pour obtenir ces épreuves, la chaleur a été la plus grande difficulté à vaincre (…) Je me servais de deux tentes pour la préparation de mes plaques. »

Si la Maison Bonfils reste peu connue en Cévennes, ses photographies ont été diffusées partout dans le monde… Un travail et une aventure qui méritent d’être découverts.

Animations

  • Visite guidée le 4 novembre, 15h.
  • Conférence “Les photographes en voyage et les voyageurs photographes au XIXe siècle”, jeudi 8 octobre, 18h.
  • Atelier jeune public “découverte du sténopé”, les 21 et 28 octobre, à 14h30.

Animations gratuites, sur réservation.